Les consciences environnementales grandissantes ont mis en lumière un aspect méconnu des crèmes solaires "reef-safe". En Australie, où l'on peut facilement se procurer des crèmes solaires étiquetées comme telles, la réalité derrière ce terme est souvent négligée. Contrairement à l'indice SPF, qui nécessite de nombreux tests sur des volontaires humains, il n'existe aucune exigence formelle pour l'étiquette "reef-safe" en Australie. N'importe quelle marque pourrait l'apposer sur ses bouteilles, indépendamment des ingrédients.
Les Pièges de l'Étiquette "Reef-Safe"
Bien que la plupart des vendeurs de crèmes solaires expliquent sur leurs sites web pourquoi ils ont qualifié leur produit de "reef-conscious", chaque marque semble avoir ses propres raisons de considérer un produit sûr pour la vie marine. Certains évitent simplement les deux ingrédients actifs les plus critiqués : l'oxybenzone et l'octinoxate. D'autres éliminent complètement les ingrédients organiques, optant plutôt pour l'oxyde de zinc ou le dioxyde de titane.
Peut-être que le zinc et le titane sont même présents sous forme non nanoparticulaire, moins confortable à porter mais probablement moins susceptible de pénétrer les coraux. Certains pays ont réglementé les crèmes solaires pour protéger la vie marine, mais les règles sont aussi chaotiques que les options disponibles. La science elle-même n'a pas encore atteint un consensus sur les crèmes solaires et la vie marine.
La Réalité de l'Impact sur les Coraux
L'alerte concernant les crèmes solaires et les coraux a été lancée dans les années 2000, et les études en laboratoire se sont accumulées depuis. Les coraux incubés avec des crèmes solaires peuvent présenter une croissance faible voire inexistante, davantage d'infections virales et, finalement, être blanchis. Une crainte particulièrement marquée concerne les "coraux zombies" : vivants, mais incapables de croître ou de se reproduire, épuisant lentement l'environnement de nouvelles pousses.
Des Règlementations Éparses
Quelques pays et territoires ont réglementé les crèmes solaires pour protéger la vie marine, mais les règles varient. L'État américain d'Hawaï a interdit la vente et l'utilisation de crèmes solaires contenant de l'oxybenzone et de l'octinoxate, tandis que Palau a mis sur liste noire 10 ingrédients actifs. La Thaïlande a interdit l'utilisation de quatre ingrédients dans les parcs nationaux, et au Mexique, l'utilisation des crèmes solaires est restreinte depuis les années 1980.
Le Débat Scientifique
Le véritable problème réside dans le manque de consensus scientifique sur les crèmes solaires et la vie marine. Bien que des études montrent que ces produits peuvent causer des dommages aux animaux et aux plantes à des doses de milligrammes et de microgrammes, les concentrations retrouvées dans l'environnement sont souvent de l'ordre des nanogrammes, insuffisantes pour causer des dommages significatifs.
L'Appel à l'Action
Pour le Professeur Bob Richmond, directeur du Kewalo Marine Laboratory à l'Université de Hawaï, l'absence de preuves n'est pas une preuve de l'absence. Il plaide en faveur d'une évaluation des risques environnementaux pour obtenir des réponses autoritaires.
Bien que les crèmes solaires ne soient pas responsables des blanchissements massifs de la Grande Barrière de Corail, le changement climatique reste le principal coupable. Cependant, l'impact potentiel des crèmes solaires sur les coraux à l'échelle mondiale est encore sujet à débat.
Conclusion
En attendant une conclusion scientifique ferme sur les crèmes solaires et les coraux, il est crucial de rester informé. Appliquez votre crème solaire où c'est nécessaire, mais envisagez également des alternatives telles que les combinaisons de plongée pour réduire votre impact environnemental. Dans un monde où les récifs coralliens ont une valeur incroyable économiquement, écologiquement et culturellement, il est essentiel de prendre des mesures pour améliorer leur environnement.